Letter no. 3

de Coligny-Châtillon Letter no. 3 de Coligny-Châtillon Letter no. 3, pg. 2

Mardi 3h ap. m. 11 mai 1915

Mon petit chou, tu es trop gentil et je te remercie tout plein ! mais j’ai peur que tu te prives pour moi . . . et il ne faut pas ! . . . je ne veux pas !! . . . il faut d’abord que tu aies ce qu’il te faut ! tout ce qu’il te faut . . . Je suis affreusement fatiguée ! . . . je fais un véritable effort pour l’écrire . . . coulichonnette . . . j’ai dormi encore chez Rich . . . et en cet honneur me suis couchée à 3h . . . pas fermé l’œil et à 7h j’étais debout . . . et j’ai une journée affolante comme toujours . . . déjeuner d’un côté . . . suis morte de fatigue . . . et ai très bobo ! voudrais bien rentrer au pigeonnier et dormir dans ton dodo tout l’après-midi . . . Dieu quel bien cela me ferait ! . . .

              (me trotte ! continuerai tout à l’heure !) Pense à toi mon petit chien ! t’écris dans un couchon de tram qui a une panne ! de plus en plus fourbue . . . je prie pour toi matin et soir . . . et il ne t’arrivera rien . . . ma tendresse te garde . . . j’ai confiance ! . . . quel temps idéel ici mon chien ! ai retrouvé les vers que j’aime :

Ici bas tous les lilas meurent

Tous les chants des oiseaux sont courts

Je rêve aux étés qui demeurent

Toujours . . .

Ici bas les lèvres effleurent

Sans rien laisser de leur velours

Je rêve aux baisers qui demeurent

Toujours ! . . .

              J’envoie mon petit ami chéri un de ces baisers qui restent toujours . . . dont l’empreinte ne te quitte jamais . . .

Lou